Pourquoi la question posée n’est pas toujours la bonne

Il faut distinguer la question exprimée de la demande sous-jacente. Beaucoup de consultants arrivent avec des formulations issues de l’urgence émotionnelle (« Est-ce que je vais y arriver ? »), de l’attente de validation (« Est-ce que je fais bien ? ») ou de la recherche de prédiction (« Que va-t-il se passer ? »).

Ces formulations traduisent souvent un besoin de sécurité, de sens ou de repères.

Accompagner, c’est donc ne pas prendre la question au pied de la lettre, mais aider à la transformer en point d’entrée pertinent pour une démarche de clarification, de mise en mouvement, voire de conscientisation.

Exemple :

Demande initiale : « Est-ce que je dois quitter mon travail ? »

Reformuler pour comprendre le besoin : « Avant d’envisager un choix aussi important, que souhaiteriez-vous clarifier dans ce que vous vivez aujourd’hui au travail ? »

Les objectifs d’une reformulation efficace

Reformuler ne sert pas à prendre la parole pour répéter ce que le consultant à déjà exprimé. Cela a une intention précise :

• Clarifier l’objectif de la séance

• Faire émerger les enjeux implicites

• Rendre la demande plus mobilisatrice

• Éviter de répondre à côté de la vraie problématique

• Conserver une posture neutre, sans guider ni suggérer

Rappel fondamental : accompagner ne veut pas dire influencer. Si nous posons nous-mêmes des mots qui orientent le sens, nous risquons de fausser la démarche d’exploration.

Comment reformuler ? Outils pratiques et exemples

Voici quelques techniques simples à intégrer dans votre pratique :

➤ La reformulation de clarification

Elle permet de vérifier ce que le consultant cherche vraiment.

Ex : « Quand vous dites que vous êtes “perdu”, pouvez-vous préciser ce que cela signifie pour vous aujourd’hui ? »

➤ La reformulation par reflet

Elle valide et recentre sans jugement.

Ex : « Si je vous entends bien, ce que vous attendez de cette séance, c’est d’y voir plus clair sur vos priorités actuelles. Est-ce exact ? »

➤ La reformulation orientée solution

Elle déplace le focus vers le résultat espéré.

Ex : « Qu’aimeriez-vous avoir en plus ou en mieux à l’issue de notre échange ? »

➤ La question miroir

Elle invite le consultant à reformuler lui-même sa demande.

Ex : « Si vous deviez résumer votre question en une phrase claire, ce serait quoi ? »

Garder le cap de la séance : cadrer sans contraindre

Une fois la demande clarifiée, le rôle du tarologue ou du praticien est aussi de maintenir le cap. Cela implique de ne pas se laisser happer par les détails du récit ou les émotions fortes, mais de revenir régulièrement à la demande validée.

Pour cela, on peut utiliser des rappels cadrants :

• « Est-ce que ce dont nous parlons vous aide à avancer sur votre question de départ ? »

• « Voulez-vous que l’on revienne à l’objectif de la séance ? »

Cadrer, ce n’est pas contraindre. C’est aider le consultant à rester actif dans son cheminement, sans se disperser.

Savoir poser les bonnes questions au bon moment

Une question de coach ou de tarologue professionnel vise l’ouverture, la mise en conscience et le passage à l’action. Elle ne cherche pas une réponse immédiate, mais un élargissement du champ de réflexion.

Critères d’une bonne question :

• Elle est ouverte (éviter les oui/non)

• Elle est orientée vers le présent ou l’avenir (éviter de creuser le passé inutilement)

• Elle part du langage du consultant (éviter d’introduire vos propres concepts)

• Elle laisse un espace de silence pour que l’autre réfléchisse

À éviter :

• Les questions « pourquoi ? » (elles amènent à se justifier)

• Les questions fermées ou inductives (« Vous ne croyez pas que… ? »)

• Les questions expertes qui enferment le consultant dans l’analyse du problème

Accompagner sans diriger : rester dans une posture juste

L’un des pièges fréquents est de vouloir trop aider. Or, guider le consultant, c’est lui prendre une part de son pouvoir. La posture juste consiste à :

• Être centré, présent, sans jugement

• Être plus curieux que pressé

• Rester dans le « je ne sais pas »

• Savoir se taire pour laisser émerger

Reformuler, c’est parfois aussi savoir dire :

« Est-ce que vous seriez d’accord pour qu’on reformule ensemble votre question, afin qu’elle vous soutienne davantage dans votre démarche ? »

Conclusion

Apprendre à reformuler la question du consultant, c’est apprendre à créer un espace d’écoute de qualité, où ce qui compte n’est pas d’avoir des réponses, mais de mieux poser les bonnes questions. C’est aussi un acte de respect, de clarté et de coopération.

En séance, nous ne cherchons pas à résoudre le problème à la place du consultant, mais à lui offrir un cadre et une posture qui lui permettent d’entrer en relation plus consciente avec ce qu’il vit. Cela commence dès la première question ou plutôt, par la manière de la reformuler.

À retenir pour votre pratique :

• Reformuler, c’est valider sans enfermer

• La clarté d’une question conditionne la pertinence de la séance

• La posture de neutralité est un levier de responsabilisation

• Une bonne reformulation favorise la mise en mouvement du consultant